Chepina conduit son Quad tout-terrain dans les rues défoncées de Sayulita pour aller faire le ménage dans plusieurs maisons de location appartenant à des américains dans cette petite ville de surf sur la Riviera Nayarit. Je lui tends un pourboire de 100 Pesos (~ $8) pour avoir fait un bon travail pendant ces quelques jours. Un sourire éclaire son visage et ses yeux s’emplissent de larmes. Avec cet argent elle va acheter des fleurs pour l’enterrement de son ami. On l’a retrouvé mort par balles la nuit précédente dans une voiture au bord de la route. C’est la première fois que nous sommes confrontés à la dure réalité de la violence au Mexique. Chepina avoue qu’il s’agit sans doute d’une histoire liée au trafic de drogues, même si elle ne connaît pas les détails. Les larmes qui coulent de ses yeux expriment son bonheur car elle voulait acheter des fleurs mais n’en avait pas les moyens… jusqu’à présent.
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Salvador est le voisin généreux qui m’a aidé à changer une roue lorsque nous étions à plat. Auparavant il tenait un atelier de fabrication de cadres de miroirs, de lampes et d’autres objets traditionnels mexicains. Quand les affaires marchaient bien il avait 10 employés et il expédiait ses produits aux quatre coins du Mexique ainsi qu’au Texas et même en France. Malheureusement à l’heure actuelle il y a trop de compétition, à la fois locale et de Chine, et les touristes n’achètent pas autant qu’auparavant, alors Salvador a dû fermer boutique. Maintenant il travaille en tant qu’homme à tout faire et jardinier, essentiellement pour le compte de retraités américains et canadiens qui habitent les « colonies » autour de San Miguel. Il est reconnaissant pour l’afflux d’étrangers qui se traduit par des emplois pour les locaux, même s’il fait par ailleurs augmenter le coût de la vie. Salvador a 4 garçons et 1 fille. Quand je lui dis que nous n’avons pas encore d’enfants il sourit et dit qu’il est important d’en avoir afin de leur transmettre tout ce que l’on sait. Le moment venu de reprendre la route pour continuer notre voyage Salvador me serre dans ses bras et me dit qu’il espère nous revoir un jour. Je sais qu’il est sincère.
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La fillette marche vers moi alors que je verrouille la porte :
– « Bonjour Monsieur, est-ce que vous êtes un ami d’Emilie?
– Oui » Je mens, ne me sentant pas le courage d’expliquer le concept d’un contrat de location à une gamine de 10 ans.
– « Est-ce que vous habitez avec elle ?
– Non, elle n’est pas là en ce moment. Mais nous habitons dans sa maison.
– Je m’appelle Maria José Guadalupe Rodriguez Villalobos. » J’ai un flashback de la scène du Cinquième Elément où Leiloo se présente en une quinzaine de syllabes.
– « Enchanté. Je m’appelle Cédric.
– Enchanté M. Cédric. » répète la fillette qui s’éloigne en trottinant.
Quelques heures plus tard je retourne à la maison :
– « Bonjour M. Cédric !
– Bonjour, comment vas-tu ?
– Bien. Est-ce que vous avez une glace pour moi ?
– … Non je n’ai pas de glace.
– Est-ce que vous allez en acheter ?
– Je ne sais pas, peut-être ! »
Le lendemain je sors de la maison et j’entends le son de petits pieds sur les pavés :
– « Bonjour M. Cédric ! » Elle se colle à mon côté et me serre dans ses bras.
– « Bonjour, ça me fait plaisir de te voir.
– Est-ce que vous êtes mon ami?
– « Oui, bien sûr que je suis ton ami. »
– « C’est mon ami » dit-elle à son petit frère en s’éloignant.
Ma foi en l’innocence des fillettes de 10 ans a pris du plomb dans l’aile. Heureusement que je serai à des milliers de kilomètres d’ici à ce que Maria José ait 16 ans !
Cédric, 10 septembre 2011
(Séjour au Mexique: juillet & août 2011)
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