Un an, deux semaines et un jour. Une partie de moi dit que rien n’a changé pendant que l’autre dit que tout est différent. Nous avons parcouru plus de 30.000 kilomètres en voiture depuis San Francisco jusqu’à Ushuaia, la fin du monde. A présent nous sommes de retour, et par une curieuse ironie du sort nous logeons dans le même appartement de location qu’avant de nous lancer dans ce périple. Le sentiment de déjà vu est irrésistible.
« D’ici trois jours, » écrit Paolo Coelho, « lorsque nous serons de retour dans notre routine quotidienne, il semblera que nous ne sommes jamais partis et n’avons jamais fait ce long voyage. Nous avons les photos, les billets, les souvenirs, mais le temps – le seul maître éternel et absolu de nos vies – nous dira : Tu n’as jamais quitté cette maison, cette pièce, cet ordinateur. » Les rues de San Francisco sont remplies de la même énergie positive. Les touristes mangent de la cuisine italienne et profitent du soleil à North Beach. Les locaux se plaignent des loyers si chers. Les gens prennent le bus et le métro en consultant Facebook sur leurs portables. La blogosphère spécule sur la nouvelle version de l’iPhone. « Non, rien n’a changé, » continue Coelho, « mais nous – qui sommes partis en quête de notre royaume et avons découvert des contrées que nous n’avions jamais vues – savons que nous sommes différents. Cependant, plus nous essayons d’expliquer, plus nous allons nous persuader nous-mêmes que ce voyage, comme tous les autres, existe seulement dans notre mémoire. Peut-être que nous le raconterons à nos petits-enfants ou peut-être même que nous écrirons un livre sur le sujet, mais que dirons-nous exactement ? Rien, ou peut-être seulement ce qui s’est passé en-dehors, pas ce qui a changé en-dedans. »
Le monde autour de moi peut sembler le même, les gens autour de moi peuvent se comporter de même, mais tout est différent – parce que je suis différent. Le monde n’existe qu’à travers de mes yeux, de ma conscience. Alors les changements profonds qui se sont produits en moi au cours de ce voyage créent un nouveau monde.
Comme un voyage s’achève, au-delà de l’illusion de la monotonie, une nouvelle vie commence aujourd’hui.
Cédric, le 21 juillet 2012
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